Page:Variétés Tome II.djvu/102

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Le sieur de Quiquebeuf se tient prest à l’heure que Fava devoit retourner pour sçavoir des nouvelles de ces diamans, prend une robbe de chambre, feint d’estre marchand et de vouloir acheter les diamans de Fava, mais qu’il en avoit affaire de plus grande quantité. Cela occasionna Fava d’en monstrer encore dix autres boëttes, lesquelles, comme les quatre premières, furent recogneuës par Turquet et Maurice estre celles designées au memoire envoyé de Venise. Comme Fava consideroit les actions de ces marchands, qui regardoient la forme des boëttes, les lettres et chiffres marquez dessus, il commença d’entrer en cervelle et d’avoir peur, et pour eschiver son malheur, feignit d’avoir une assignation fort pressée, necessaire et importante, avec un homme qui l’attendoit au logis, où il vouloit aller, et promettoit de retourner incontinent, et cependant qu’il laisseroit ses diamans pour estre veus. Le sieur de Quiquebeuf lors luy declara sa qualité, se saisit de luy, et luy dit qu’il estoit adverti qu’il avoit encore d’autres diamans, perles et chesnes d’or, qu’il falloit promptement trouver. Fava recogneut qu’il avoit encore dix boëttes de diamans, des perles et chesnes d’or en son logis, mais qu’il les avoit bien achetées et estoit homme d’honneur et bon marchand ; et sur cette recognoissance le sieur de Quiquebeuf, accompagné de Bourgoing et de ses archers, se transporta à la chambre de Fava, où il trouva les dix autres boëttes de diamans, les perles et les chesnes d’or, et tout le contenu au memoire envoyé de Venise, hormis une perle et un petit diamant de deux ducats et demy, qui avoient esté perdus en ouvrant et ma-