Page:Variétés Tome II.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ordonnée. Fava prend la corde, la met en la poche de ses callessons, et sur le soir la cache souz un buffet en la salle commune des prisonniers.

Le vingt-septiesme fevrier, sur les six heures du soir, Fava envoye querir du vin par un valet qui ordinairement sert les prisonniers, et à l’heure mesme sort de sa chambre, va à la chambre du geolier, qu’il ouvre avec un clou chrochué à cet effet, qu’il avoit arraché d’une des fenestres des prisons, entre dans le cabinet de la chambre, à la serrure duquel il trouva la clef, despoüille sa robbe, son pourpoint, ses souliers et son chappeau, attache sa corde à un des verroüils de la porte du cabinet, passe par la fenestre, où n’y avoit point de barreaux, et par le moyen de ceste corde descend en la court des prisons, cherche le plomb et la corde de l’eschelle que Corsina luy avoit jettée. Il faisoit lors grande nuict et grande pluye ; d’ailleurs, la corde n’avoit pas esté bien jettée à l’endroit du puids comme il avoit esté ordonné : cela fit que Fava fut un temps sans trouver la corde de l’eschelle, et pensoit mesme qu’elle n’eust pas encore esté jettée ; enfin, l’ayant trouvée, il tire l’eschelle en dedans la court jusques à l’arrest, et attacha le bout de la corde que l’on luy avoit jettée à la potence du puids, afin que, comme en montant l’eschelle seroit arrestée par une des cordes que Corsina avoit attachée à une pierre de taille du costé de la rüe, en descendant elle fust aussi retenüe par l’autre corde qu’il avoit liée à la potence du puids du costé de la prison ; monte à l’eschelle, et estant au dernier eschelon ne peut atteindre jusques au haut de la muraille. Lors il de-