Page:Variétés Tome II.djvu/240

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Ordonnance de dame Avoye, enjoignant à toutes servantes, chambrières, filles de chambre, damoiselles suivantes, de coucher avec leurs maistres.

Veu et consideré les profits, emoluments, richesses et exemptions qui arrivent continuellement aux servantes de la hantise de leurs maistres, il est estroictement commandé ausdites servantes, tant de chambre, de cuisine que de garderobe, d’espier l’heure que leurs maistresses ne seront au logis, et d’aller au cabinet de leurs maistres les caresser, chatouiller, amadoüer, attraire, enflammer jusques à ce qu’il s’ensuive action copulative et simbolizambula. Que si, par la conjonction diverses fois reiterée, il advient enfleure hidropise, eslargissement de ventre, accroissement de boyaux, pieds-neufs3, grossesse, etc., seront tenues lesdites servantes de faire la nique à leurs maistresses, comme la servante d’Abraham à Sara, demanderont pension, reparation d’honneur, mariage, à leur maistre, encor que l’enfant appar-


3. Faire pieds-neufs, c’étoit accoucher. « Gargamelle, dit Rabelais (liv. 1er, ch. 7), commença se porter mal du bas, dont Grangousier se leva dessus l’herbe… pensant que ce feust mal d’enfant…, et qu’en brief elle feroit pieds neufs. » Des Perriers donne une variante de cette locution. « Il envoye, dit-il, sa fille aisnée… chez une de leurs tantes, sous couleur de maladie… et ce en attendant que les petits pieds sortissent. » Contes et joyeux devis, Amsterdam, 1735, in-12, t. 1er, p. 58.