Page:Variétés Tome II.djvu/287

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sur tous les tons et semy-tons de musique : il n’est pas que tu n’ayes ouy chanter le Hay Bernard et autres, touchées sur diverses cordes. Prend seulement garde que le roy, pour le service du quel nous formions telles oppositions, n’aye suject de dire de plusieurs de vous autres Gascons (sans blesser la nation, car de toute taille bon levrier) : Allez, Gascons, ou plustost Gavestons, pis je ne vous puis dire ; ou que, par permission divine, la bien heureuse ame de Henry III ne se represente à eux en songe ou autrement, et ne leur dise, avec une voix terrible et menaçante de quelque grand malheur : Petits cadets, je vous ay autrefois eslevé par dessus vos frères, comme un autre Joseph en Ægypte ; j’ay garenty vos pas de tant d’embusches, que mes autres courtisans, envieux de vos fortunes, vous dressoient pour vous ruiner et perdre ; je vous ay comblez d’honneurs et de moyens : vous en voudriez-vous bien rendre indignes maintenant, et, ingrats envers moy, vous rebeller contre mon digne successeur, petit-fils de sainct Louys et imitateur de ses vertus ? Si vous faites dessein d’employer le glaive ennemy contre le roy vostre seigneur et maistre, qu’à jamais le glaive puisse regner dans vos maisons ! que vos propres enfans se bandent contre vous ! que plus tost ils soüillent leurs mains parricides dans vostre sang ! et que le soleil, après avoir veu ce scandale, pallisse d’horreur d’un tel crime, perpetré et permis par juste jugement de Dieu ! Par ce, je supplie tous les jours la divine bonté d’illuminer vos entendemens, à fin de vous faire recognoistre vostre erreur et venir à un amendement. Certes, Chagrin, proferant