Page:Variétés Tome III.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et pour sonder un cœur jusqu’aux moindres desirs,

Mon odeur seulement les rendoit des Orphées.

Malherbe fut après des premiers de la liste
De ceux que j’ay placez parmy les demi-dieux,
Et si je ne poussois mon charme dans ses yeuz,
Il n’en voyoit aucun dans les yeux de Caliste7.

Racan, Maynard, Gombault, Saint-Amant, Theophile,
Corneille, Scudery, Tristan, Metel8, Rotrou,
Ont plus puisé chez moy de tresors par un trou
Qu’Ilion n’en perdit cessant d’estre une ville.

Par moy Faret, Beys9, Colletet, Bensserade,
Desmarets, Mareschal10, Sainct-Alexis, du Rier,
L’Estoile, Maistre Adam, Robinet11, Pelletier12,
Avoisinent les cieux d’un autre air qu’Encelade.

Ce malade plaisant, dont la folastre verve
Dispute le laurier aux plus sages autheurs,
Cet aimable Scaron est de mes amateurs13,
Et pour me courtiser il quitteroit Minerve.



7. Plusieurs stances et sonnets de Malherbe sont adressés à cette Caliste, qui n’étoît autre que la vicomtesse d’Auchy. V. Tallemant, édit. in-12, t. 1er, p. 169 ; et notre t. 1er, p. 128.

8. Le fameux Metel de Boisrobert, le poète et le bouffon de Richelieu.

9. Charles Beys, le poète ami de Molière.

10. Antoine Maréchal, de qui l’on a un grand nombre d’œuvres dramatiques données de 1638 à 1645. V. Catal. de la bibliothèque de M. de Soleinne, nos 1045–1048.

11. Ch. Robinet, auteur de Momus et le nouvelliste, et continuateur de la Muse historique de Loret.

12. Pierre Le Pelletier, dont s’est tant moqué Boileau.

13. Scarron buvoit bien, en effet. On trouve dans ses œuvres