Page:Variétés Tome IV.djvu/267

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Car je porte au col des sonettes
Pour faire entendre ma douleur,
Et publie, faisant ma ronde
Par tous les carrefours du monde,

Les effects d’un si grand malheur.

C’est donc à toy, race canine,
Que mon corival9 de cuisine
A recours pour estre vangé !
À toy maintenant je desdie
Les sanglots de ceste elegie,
Pour estre en mes pleurs soulagé.

Et, fuyant toute ingratitude,
En qualité de chien d’estude,
J’ay ces carmes10 elabouré,
Où tu verras la galantise,
Les mœurs, la mort, la mignardise
De mon camarade enterré.

Adieu te dis, mon camerade ;
J’ay peur de devenir malade
En pleurant ton enterrement.
Adieu, mon compagnon d’eschole ;
Que pour le dernier coup j’accole
Le dehors de ton monument.

Et, si les chiens ont souvenance


9. Confrère, émule. Regnier l’emploie dans le sens de rival :

Et sans respect des saincts, hors l’Eglise il me porte,
Aussi froid qu’un jaloux qui voit son corrival.
Aussi froid qu’un jaloux qSatire VIII, p. 95.

10. Carmina, vers.