Page:Variétés Tome IV.djvu/295

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——--Ils parlent sans affeteries,
——--Ils ont des jambes degarnies,
——--Une indigence de rubans,
——--Des chapeaux desarmez de plumes,
——--Et ne sçavent pas les coustumes

Qu’on pratique à present au pays des Romants.

Comme elle achevoit cette plainte, le bonhomme revint pour leur tesmoigner son mecontentement de la reception qu’elles avoient faite aux deux gallands. Mais, bon Dieu, à qui s’adressoit-il ?

——--Comment ! s’écria Philimène ;
——--Pour qui nous prennent ces amants,
——--De nous compter ainsi leur peine ?
Est-ce ainsi que l’on fait l’amour dans les romants ?

Voyez-vous, mon oncle, poursuivit-elle, voilà ma cousine qui vous dira comme moy qu’il ne faut pas aller ainsy de plein pied au mariage. — Et voulez-


à-dire si, avant de venir à Paris, il ne les avoit pas jouées en province, notamment à Avignon, où il se trouvoit, en 1657, avec mademoiselle Desjardins, et si par conséquent celle-ci n’avoit pas fait alors le Recit, qui courut plus tard à Paris lorsque la pièce y fut reprise. La comédie avoit reçu les changements que Molière ne manquoit jamais d’apporter à ses pièces faites en province, lorsqu’il se décidoit à les offrir au public plus difficile de Paris. L’analyse seule étoit restée la même. Un passage de la scène 9, relatif au siége d’Arras, qui avoit eu lieu en 1654, ne contredit point, loin de là, cette opinion, que les Précieuses pourroient avoir été écrites par Molière avant 1660. Pour leur donner plus d’à-propos lorsqu’il les reprit à Paris, il y auroit ajouté dans la même scène un mot sur le siége beaucoup plus récent de Gravelines.