Page:Variétés Tome IV.djvu/314

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N’en sonne mot : celui qui l’a gaigné
Perdant le sien, libre t’a espargné

Un grand travail ; c’est autant d’avantage.

Si elle faict à tes amis service
De corps et biens, par liberalité,
Elle vaut plus que tu n’as mérité :
Elle n’est point subjecte à l’avarice.

L’avarice est un vice miserable ;
L’on voit souvent qu’un faquin usurier
Va choisissant tel pour son heritier
Qui le voudroit voir mort sur une table.

L’avare encore à un pourceau ressemble,
Duquel jamais honnesteté ne sort
Pendant qu’il vit ; mais, depuis qu’il est mort,
Tous les voisins en font grand’ chère ensemble.

Si tu me dis qu’elle est insatiable,
Ne se pouvant d’aucun gain contenter,
Après sa mort tu te pourras venter
D’avoir trouvé le butin amiable.

Si tu te plains qu’elle a mauvaise teste,
Il m’est avis que tu te fais grand tort :
Elle en fera le vinaigre plus fort ;
Au demeurant elle est sage et honneste.

Si elle court et souvent se pourmeine
Par cy, par là, n’a-elle pas raison ?
C’est pour laisser la paix en ta maison :
Quand elle y est, trop de bruit elle y mène.

Si tu la dis mauvaise mesnagère,