Page:Variétés Tome IV.djvu/62

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crois point meriter, ce sera donc, si vous l’avez pour agreable, chez ma cousine de Vauguerin, fort honneste femme et bien congnue pour sa vertu, que nous pourrons traicter de toutes les conditions necessaires en une semblable rencontre ; là où vous pourrez apprendre que, si la fortune m’a esté avare de biens, du moins ne l’a-elle pas esté de reputation à l’endroit de toute la famille dont je suis issu. À quoy le fillou luy fit responce en ceste sorte :

Vous avez la façon trop aimable, Monsieur, pour estre autre que je ne me suis imaginée, et je prens le ciel à tesmoin si je desire d’autre caution pour m’asseurer de vostre vertu et du merite de la maison de votre naissance. Or, puisque l’heur m’en a voulu de vous avoir disposé au mesme point où je desirois vous voir, je demeure fort volontiers d’accord du lieu que vous avez choisi pour conferer nos volontez avec celles de vos amis et connoissans, et vous prie que ce soit au plustost, car je crains que la longueur ne donne moyen à mes parens de destourner une chose que je desire faire malgré eux, et dont je souhaite pationnement l’arrivée.

Pour esviter d’escrire tant d’autres discours qu’ils eurent ensemble sur ce subject, je diray seulement qu’il fut resolu que le lendemain, à deux heures de relevée, on se trouveroit chez la dite de Vauguerin, cousine d’Orcandre, à quoy il fut satisfaict et de part et d’autre.

Au quel lieu ledit Orcandre avoit assemblé beaucoup de personnes d’honneur, des connoissans, qui estoient extrêmement aises qu’une si bonne occa-