Page:Variétés Tome IX.djvu/129

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De s’entendre avec leurs appas
Est si juste que l’innocence

Ne nous en destourneroit pas.

Tirsis, tu seras idolatre,
De ce bel œil qui va passer.
Pour moy, je viens de trepasser
Devant ceste gorge d’albastre ;
Cette déesse a des cheveux
Qui me ravissent mille vœux ;
Mais que cet autre objet me touche !
Celui-cy sera mon vainqueur,
Mon ame est desjà sur ma bouche,
N’as-tu point veu sortir mon cœur ?

Tu cognois bien cette rieuse ?
Son roquentin3 n’est pas mal faict :
Vrayment, j’ay l’esprit satisfait ;
Mon humeur devient plus joyeuse
À voir cette bouche et ces yeux.
Le ciel ne sauroit faire mieux ;
On peint ainsi les belles choses,
Comme le soleil et l’Amour,


3. C’est-à-dire le muguet qui lui fait la cour. Ce mot rocantin avoit des sens bien différents : il signifioit tantôt une espèce de chanson, tantôt un jeune beau à la mode ; plus tard, quand les galants qu’il avoit servi à désigner eurent vieilli sans cesser de vouloir plaire encore, il partagea leur ridicule. On n’employa plus le mot rocantin sans le faire précéder de l’épithète de vieux, et il devint ainsi le synonyme de vieux fat.