Page:Variétés Tome IX.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

congediez, et partant contraints par les prevosts des villes d’abandonner vos maisons.

Bon-homme. Helas ! que c’est une douce consolation pour nous ! Car je t’asseure, Guillaume, mon bon amy, qu’ils nous ont fait mille ruines. Les marchands de la halle se pleignent de nous de quoy nous leur encherissons les œufs ; mais les bonnes gens n’en sçavent pas la cause : tous nos sacs sont vuidez, et nos pauvres poulles, helas ! ont esté mangées, sans en compter les plumes ; c’est de quoy se plaignent aussi bien que moy les autres paysans d’auprès Pontoise, Poissy et Mante.

Guillaume. Cela n’est rien. Possible tu en as perdu quelque demy douzaine : est-ce là si grand sujet de te plaindre ? Enqueste toy plus avant, fais un voyage à Nostre Dame de Liesse, et tu verras ce que l’on te dira prez de Laon8.

Bon-homme. Quoy donc apprenez vous de nouveau de ces quartiers ?

Guillaume. N’en sçais tu rien ? N’as-tu point ouy parler de ceste grande occision de poulies ?

Bon-homme. Non.

Guillaume. Je t’en veux dire quelque chose.

Bon-homme. Les choses nouvelles plaisent fort aux vieilles gens comme moy.

Guillaume. J’estois, il y a un jour ou deux, derrière deux laquais, dont l’un revenoit de Soissons9, l’autre de Bretagne10. Pour la longue cognois-


8. Nous avons déjà dit que c’est la Picardie, où s’étoient portées les troupes des princes mécontents, qui avoit le plus souffert.

9. C’est là qu’au mois d’avril les chefs s’étoient rassem-