Page:Variétés Tome IX.djvu/142

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sance qu’ils avoient l’un de l’autre, furent fort aises de se voir ; tous deux, de plain accord pour apprendre l’un de l’autre des nouvelles de leur voyage, entrèrent en une taverne, comme c’est l’ordinaire de telles gens. Moy les suit, car, ne pouvant vivre de mes papiers, je hante volontiers en ces lieux, ou par fois l’un me presente à boire, l’autre à manger. Je m’assis à mesme table qu’eux, et les oy volontiers discourir. L’un apprend à l’autre ce qu’il a apprins des affaires de Bretaigne, et l’autre luy conte ce qui s’estoit passé à Soissons et aux environs. Entr’autres choses j’oüy un traict qui fera rire, Bon-homme, les vieilles bestes comme toy et moy. Celuy donc qui revenoit de Soissons disoit à l’autre qu’il avoit logé en un certain village qui estoit le quartier de quelque gendarmerie de nouveau enroollée. Il trouve en un certain logis trois soldats qui faisoient une chère desespérée aux despens des pauvres paysans et manans, ce qui, disoit-il, me faisoit grand mal au cœur, car je n’avois qu’un quart d’escu pour venir de Soissons à Paris ; voylà pour-


blés pour entendre les propositions de paix qui leur étoient faites de la part de la cour. Les soldats cependant ravageoient la campagne et vivoient sur le bonhomme, qui, dévoré par l’un et l’autre parti, ne savoit pas lequel des deux étoit son plus cruel ennemi.

10. M. de Vendôme, qui commandoit dans cette province, avoit été le seul qui n’eût pas souscrit au traité de Sainte-Menehould, sans doute pour se venger des quelques jours de prison qu’on lui avoit fait subir au Louvre, à la première nouvelle des troubles. Il fallut un voyage du roi de ce côté pour que la paix s’y rétablît.