Page:Variétés Tome IX.djvu/157

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payer à cette heure que le bled est si char ; il en est si peu que je n’avons rien recueilly quasiment : si vous ne voulez faire diminution pour la mauvaise année, j’ayme autant quitter vos tarres.

Le Bourgeois.

Et bien, je te prends au mot : puisque tu ne me veux point payer, je n’en sçaurois avoir moins d’un autre.

Le Laboureur.

Et bien, bien, Monsieur, je vois bien ce que c’est : vous me voulez envoïer avec ma femme et mes enfans un baston blanc à la main. Un autre ne fera pas mieux que moy ; vos tarres sont trop chères, il n’y a pas moyen de s’y sauver ; voila trois ou quatre années que j’ay semé, je n’ay pas seulement recueilly la semence et de quoy vous payer : ce sont de belles tarres, des tarres à chardons.

Le Bourgeois.

J’ay eu d’autres fermiers que toy, qui s’y sont bien sauvez, et qui m’ont bien payé.

Le Laboureur.

Voire, voire, Monsieur ; mais vous ne dites pas tout : s’ils n’eussent eu que vos tarres, ils y fussent morts de faim ; ils y ont mangé de bon bien qu’ils avoient ; il estoit temps qu’ils en sortissent, ils estoient bien à la flac. Monsieur, les fermiers n’enrichissent point tant en vostre metarie ; en voilà desja quatre ou cinq de cognoissance qui n’en sont pas sortis avec la chesne d’or : on m’avoit bien dit qu’il n’y avoit rien à profiter avec vous ; si j’eusse creu le