Page:Variétés Tome IX.djvu/171

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La troisième Voisine.

J’avois comme cela ma fille Guillemette, qui m’a donné du mal à eslever ; elle tetoit comme cela de mauvais laict, elle a esté trois ans en orfanté[1].

La seconde Voisine.

Voire ! Mais à cette heure qu’il y a longtemps qu’il n’a teté tout son saoul, si je luy donne une bonne nourrice, il en prendra tant qu’il en mourra.

L’Accouchée.

Il luy en faut donner petit et souvent.

La Sage femme.

Bon soir, Madame. Eh bien, comment vous trouvez-vous ? Pour cela vous avez esté bien malade ; mais pourtant j’en accouchay hier une, c’estoit bien autre chose : elle a été plus de six heures en son grand mal. Seigneur Dieu, j’aimerois mieux en accoucher trois autres de mesme vous que celle là.

L’Accouchée.

Jesu ! ma commère, je trouve que j’en ay assez eu pour le prix. Bien heureuse qui a fait son temps.

La Sage femme.

C’est mon[2] vramment, vous voila bien malade,


  1. Je ne sais ce que ce mot veut dire au juste. La phrase doit, toutefois, signifier : « Elle a esté trois ans comme si elle n’avoit eu de mère. » Orfente signifioit orpheline ; c’étoit, dit Borel, comme qui diroit orphelinette.
  2. Ou ça mon, interjection populaire que nous avons déjà souvent rencontrée.