Page:Variétés Tome IX.djvu/192

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des linges ; tantost : Tirez-moy un petit ce rideau ; tantost : Faictes taire ces enfans si vous voulez ; cela fait un si grand bruit que cela m’alourde. Enfin ce n’est jamais fait, car je n’ozerois jamais destraquer[1] de sa chambre : il faut que je sois là tousjours liée.

Rouline.

Jesu ! si tu sçavois la vie que nostre maistre me fit l’autre jour, c’estoit bien autre chose. Je ne sçais ce qu’il avoit en la teste, je croy qu’il s’estoit levé le cul le premier ; il sembloit qu’il me deust tout jetter à la teste ; vramment je disois bien que je sortirois ce jour-là. Jamais je n’en endureray tant que j’en ay enduré : je gratterois plustot la terre avec les ongles que de me retenir en une telle maison.

Georgette.

Helas ! qu’il est heureux qui se peut passer de servir ! Helas ! ma pauvre, j’aymerois mieux ne manger qu’une croute de pain et n’aller point en service ; il y a tantost je ne sçay combien d’années que je sers, et si Dieu sçait ce que j’y ay amassé.

Perrette.

Ouy vramment, en amasser ! Une personne qui va droit en besongne, ma foy, il n’en amasse point tant ; quand il faut prendre de quoy s’entretenir sur cinq ou six escuz, le demeurant est bien jeune à la fin : car de dons il n’en faut point chercher ceans.

  1. S’éloigner. Je trouve ce mot employé, avec le même sens, par Estienne Pasquier, liv. I, lettre 3.