Page:Variétés Tome IX.djvu/75

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Triomphera galande1 en faisant la maistresse,

Et, pleine de fierté, fascheuse, bravera.

Mesme s’elle estoit laide, ignorante et haire2,
Elle aura de l’orgueil, car elle pensera
Qu’elle a je ne sçay quoy dont nous avons affaire.

VII.

Je ne regrette point, douce-belle maistresse,
De vous avoir servy, car vous le meritiez ;
Mais, loin de ce bel œil duquel vous m’allumiez,
Je plains d’avoir cogneu des autres la rudesse ;

Ma belle, vivez donc sans peine et sans detresse,
Et vous, vivez aussi, vous qui humiliez ;
Mais vous dont le cœur feint fait que fière soyez,
Perissez de fureur, de despit, de tristesse.

Belle, quand j’adorois l’honneur de vos beaux yeux,
Humble je leur estois, car ils m’estoient piteux ;
Mais les autres beautez indignes qu’on admire

Pour se faire valoir font mourir un amant,
Et à plusieurs amis octroyent librement
Ce qu’un pauvre abusé mal à propos desire.



1. On écrivit d’abord galand, et l’on disoit par conséquent galande au féminin. La Fontaine fut celui qui conserva le plus longtemps cette forme. V. sa fable de la Belette et son conte l’Anneau de Hans Carvel. V. aussi Ancien théâtre, t. 2, p. 148, et 5, p. 252.

2. Maigre, misérable. Nous ne connoissions ce mot que pris substantivement et au masculin, comme lorsqu’on dit, par exemple, un pauvre hère.