Page:Variétés Tome IX.djvu/76

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VIII.

Vous ne sçavez que c’est, vous qui blasmez amour ;
Vous n’avez point senty d’un bel œil la blessure,
Mais vains et paresseux ennemis de nature,
Passez loing de l’honneur indignement le jour.

Vous sçavez bien que c’est, vous qui prisez l’amour,
Qui dans le cœur avez d’un bel œil la blessure,
Qui, prompts et diligens, dignes fils de nature,
Passez selon vertu heureusement le jour.

Tous ces propos sont beaux et faits à fantaisie ;
Un chacun eslira le sentier de la vie,
Estimant bon et beau le chemin qu’il prendra.

Mais moy j’estime digne, heureux, accort et sage
Qui gentil, jouyssant de son libre courage,
Sy non pour passetemps, aux dames n’entendra.

IX.

Lamenter à part soy pour une beauté vaine,
Importuner le ciel de ses cris amoureux,
Sans cesse regretter, se plaindre malheureux,
Et se feindre à son gré la douleur d’une gesne,

Passionner3 son ame et s’emmaigrir de peine,


3. Ce mot, dont nous avons déjà trouvé un exemple à la même époque, est donc plus ancien qu’on ne pense. Lorsque Noël et Carpentier ont dit, dans leur Dict. étymologique (t. 2, p. 563), qu’il étoit nouveau en 1728,