Page:Variétés Tome V.djvu/166

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paistre ; et, quant vient environ neuf heures, il s’en va à son dit lieu, et tout le jour il chante si haultement et si melodieusement que on l’ot de plus de 25 lieues, car il resonne son chant si treffort que tous les autres oyseaulx de tout le dit pays laissent à chanter, et chacun oyseau se mussent pour la crainte et tremeur du dit oyseau. Ce dit oyseau est appellé pypharaum. Les œufs qu’il pont sont gros comme ung baril, et ne les peut-on casser, et semble qu’ilz soient paingtz de toutes couleurs. Trois ou quatre fois la sepmaine il volle en l’air ; il a les yeulx si très reluisans que il semble estre feu, et est aucunes fois bien quatre heures sans revenir. En l’air est pour regarder où il prendra sa proye ; il n’espargne foible ne fort ; il se boute plainement en la mer pour prendre le poisson, et s’il trouve une balaine il la mettra à mort.

Item, au pied de la dicte roche a dix grans chasteaulx, les quelz sont tous faitz de pierres precieuses, et y a des femmes qui les gardent ; et en chacun chasteau a sept grosses tours, et en chascune tour a un grand serpent de diverses couleurs, et moult merveilleux, et dit-on que ces sept serpens signifient les sept pechiez mortelz qui guerroient les dix commandemens que les dictes femmes gardent.

Item, nous avons esté en une autre ysle nomée Vulfephaton, en la quelle a une rivière qui descend au fleuve de Gyon16, qui vient de paradis terrestre,


16. Celui qui est appelé Syon dans la légende de Prestre Jehan, et dont nous avons parlé dans une de nos précédentes notes.