Page:Variétés Tome V.djvu/211

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des nues, situées en la region des oiseaux2. Ô le beau païs ! C’est ordinairement le sejour des folles pensées de tout temps, et d’aujourd’huy dea ! Ô que les grands remueurs d’affaires y feroient bien leur cas ! Qu’y fussent-ils tous ! ils ne nous eussent donné tant d’empeschement et de malheur que nous en recevons. Nostre Aristophane donc estoit-il pas bien sage, à votre advis, d’avoir entrepris ce folastre dis-


encore qu’en Espagne, donna sans doute de l’émulation à nos bouffons françois, et fut cause peut-être que, comme ils avoient pris le même habit, ils reçurent à peu près le même nom. Le premier maître Gonin que nous trouvons en France dit ses farces et fait ses tours, souvent fort libertins, à la cour de François Ier. (V. Brantôme, Dames galantes, discours 2, art. 3.) — Il eut, suivant le même écrivain, un petit-fils, qui vivoit sous Charles IX, et qui fut moins habile que lui. Depuis, maître Gonin ne reparoît plus à la cour, ce qui ne l’empêche pas pourtant de se mêler des affaires de l’État. Il est simplement, comme ici, faiseur de pronostications politiques, diseur de bons contes, ou joueur de gobelet sur le Pont-Neuf. Sorel, qui le connut sous le règne de Louis XIII, nous a parlé de la grande escarcelle dans laquelle il mettoit ses instruments pour faire ses tours de passe-passe. (Hist. comique de Francion, p. 177.) Ce sont ces mêmes tours qui ont perpétué sa réputation. Dans la scène 22 de la Maison de campagne, petite comédie de Dancourt, il est encore question des tours de maître Gonin. — Nous le trouvons aussi en Allemagne. Aux noces de la princesse Sophie de Bavière, Gonin, chef des magiciens bavarois, est avalé par Zytho, magicien de Bohême. (Goerres, Hist. du doct. Faust, dans son ouvrage sur les Livres populaires en Allemagne.)

2. L’auteur réunit ici dans une même allusion deux des comédies d’Aristophane, les Nuées et les Oiseaux.