Page:Variétés Tome V.djvu/222

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leurs du pauvre monde, des violeurs de femmes et filles, et maintenant ils sont soldats de plate-bourses, ils se sont mis vieleurs chantans par les portes, fanfara helas ! fanfara soldadons, fanfara bourse-plate. Et falloit-il faire tant de bruit pour donner du nez si tost à terre. Hélas ! il est arrivé à ces pauvres infortunez tout de mesme qu’aux cigales qui chantent tout l’esté, sans apprehender l’hyver, et, l’automne venu, elles deviennent enrouées, et ne peuvent plus chanter : ainsi ces plate-bourses et morfondus ne chantent plus. Il y a bien des helas cachez dessoubs les boutons du pourpoint ; il y a bien de la demangeaison derrière l’oreille, beaucoup de folie en la teste, et encor plus de repentir au cœur. On entend desjà tant de : helas ! je me repens ! helas ! je n’y pensois pas ! helas ! que feray-je ? j’ay vendu mon espée pour du pain ; au moins si j’avois pour achepter une meschante viéle ! Ha ! qu’on dit bien vray, quand le fol est pris, il a beaucoup plus de temps pour se repentir que pour fuyr ! Ô que bien a dit le poète18 parlant de la pauvre Caliston séduite :

Eheu ! quant difficile est crimen non prodere vultu !

Ô qu’il est mal aisé de tenir caché le meffait ! Les voylà donc bien à sec, bien faits de corps, sans


un curieux spécimen d’un genre de construction dont nous n’avons pas d’autre exemple à citer dans Paris, et d’une décoration qui n’a que trop d’imitateurs dans nos maisons modernes. » (Revue nouvelle, 1er mars 1846, p. 389.)

18. Ovide, au liv. 2 des Métamorphoses.