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Complainte des Courtisannes d’amour sur leur bannis­sement de la suitte de la Cour. Addressée aux Champions de la Cornette de Venus à Paris.

Nos très chères sœurs, puisque maintenant la fortune a tourné le dos à nos favorables entreprises, et que tous nos desseins sont rompus au sujet des deffences qui nous sont faictes de ne plus habiter dans les bois pour faire hommage de nos très humbles services aux valeureux champions qui ordinairement combattent sous l’etendart de nostre mère Venus.

Que disons-nous ? non pas seulement dans les bois, mais qui plus est en aucuns lieux du monde, souz peine d’encourir des chastimens justes de nos perseverances si nous voulons continuer nos premières vies.

Helas ! ce qui plus nous fasche, c’est qu’après le commandement de l’un des plus sages princes de ce temps, qui a commandé à Monsieur le grand prevost de nous faire faire l’exercice, non pas de militaire, mais celui que Jean Guillaume faict faire quelques fois à celles de nos academies, et qui le plus souvent sont dans le grand et le petit Chastelet, et par trop de paresse se laissent manger aux pulces, de telle sorte que l’on est contrainct de leur faire prendre l’air pour deux heures et chasser de dessus leurs epaules ces bestioles qui par trop les importunoient.