Page:Variétés Tome V.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mencèrent à dire : Madame, ne soyez point en courroux si nous vous apportons icy de piteuses nouvelles du Cartier de la Rochelle, où estoit votre fils.

C’est que, premier que de partir et prendre nostre congé, nous avons sans reproche aydé à enterrer votre fils, duquel en voilà le certificat. Vous verrez comme il est mort et comme il a esté en sa maladie, et les regrets de pardeçà.

— Mes amis, je suis grandement aize de vostre retour et des nouvelles ; mais, helas ! j’ay la mort au cœur de vous entendre ainsi parler. Je n’ay, il y a quinze jours et davantage, fait autre chose que songer et ravasser, tant nuict que jour, dix mille fantaisies. Je me doutois de quelque malheur. Messieurs, s’il vous plaist de demeurer, j’envoyeray querir une fois de vin pour la peine, et bien grand mercy ! — Il n’y a pas de quoy, dirent les ferailliers. Vostre serviteur, Madame.

Les regrets et soupirs de la mère du Chappelier.

Helas ! que feray-je, mes amis ? Me voilà perdue ! j’ay perdu tout mon support ! Où iray-je ? que deviendray-je ? je suis toute seule. Encore si je t’eusse veu mourir, mon pauvre enfant, je n’en serois tant faschée. Je t’avois bien dit que tu ne reviendrois jamais. Helas ! je me meurs ! je n’ay plus de reconfort de personne ; on ne tiendra plus de conte de moy. Je n’avois que toy, mon cher enfant ! Mon Dieu ! que feray-je ? Ayez pitié de moy, mes bons amis ! Tellement, les voisins sont accourus, luy disant : Qu’avez-vous, ma voisine, ma mie ? Quelqu’un vous a-il frappée ?

— Helas ! je suis bien frappée, car je n’ay plus d’enfant !