Page:Variétés Tome V.djvu/89

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M. Talon18.

Il faut qu’un homme meure pour tout le peuple !

M. Berrier19.

À quoy bon chercher d’autres preuves ?

Les Provinciaux.

Prenez, prenez-le, et le crucifiez !



lisés, et l’on croit que cette furie peut faire plus de bien que de mal à notre ami. » Pussort vota pour la mort. Dans l’espèce de complainte qui fut faite sur ce procès, avec un couplet flatteur ou satirique pour chacun des vingt-deux juges, suivant qu’il avoit été indulgent ou sévère, voici le lardon qui lui échut :

——--Monsieur Pussort
——--Harangua fort ;
Mais par malheur il prit l’essor,
——--Et sa sotte harangue
——--Fit bien voir au barreau
——--Qu’il a beaucoup de langue
——--Et fort peu de cerveau.

18. Procureur général dans le procès. Il y mit trop d’intégrité et de conscience au gré de Colbert, et l’on trouva moyen de le faire renvoyer et remplacer par M. de Chamillart.

19. Agent de Colbert, qui dirigeoit le procès avec la plus incroyable passion. M. d’Ormesson, dans son Journal, le donne comme l’homme le plus décrié de Paris. En dix-huit mois seulement il avoit fait, lui qu’on chargeoit de sévir contre les concussions de Fouquet, pour plus de 1,800,000 livres d’acquisition. « C’étoit, dit M. d’Ormesson, un fripon hardi et capable de toutes choses. » Sur la fin du procès, se voyant renié et abandonné de tout le monde, il devint littéralement fou. V. lettre de Mme de Sévigné du 17 décembre 1664.