Page:Variétés Tome VI.djvu/150

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L’on n’y voit rien que danse et que berlan.
Estant party en alongeant ma veue
Vers le costé où tendoit ma reveue
De ce jour-là, qu’agreable et serain
Favorisoit mon fantasque dessein,
À petits pas, portant en main un livre,
Je m’esloignois, non de tout soing delivre15,
Des lieux frequens, et costoyant un pré
De vert naissant et de fleurs diapré,
Comme je fus dans une large plaine,
À trois cents pas d’une forest prochaine,
J’ouïs là près une champestre voix
Qui dit ainsi par trois ou quatre fois :
Pauvre resveur, qui aujourd’huy t’esgare
Pour ne voir point l’importune fanfare
De tes voisins, vien-t’en passer le jour
Dans ce bocage où je fais mon sejour,
Et tu verras de ces hautaines roches,
D’entre le bois et les campagnes proches,
L’air et les dons qu’en ce mois gracieux
Nous recevons de la terre et des cieux ;
Et si de plus, en ouvrant ton oreille,
Tu ouyras en seconde merveille
Maints petits cors qui tous sans nul discord
Font en ce bois un agreable accord.
À ceste voix, une humeur plus esmue
Qu’auparavant me pousse et me remue
Et me fait prendre un sentier buissonneux
Pour aller droit aux antres caverneux
Du bois non loing, où j’ouy d’abordée,



15. Libre, sans gêne. On disoit plus ordinairement à délivre.