Page:Variétés Tome VII.djvu/106

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cette yeau en vin, il faut donc qu’il y ait là de la magie ? — Il n’y a point de magie. — Il n’y a point de magie ! Il y a donc de la sorcellerie ? — Il n’y a point de sorcellerie. Non, Non. — Il y a donc de l’enchanterie ? — Il n’y a point d’enchanterie. Non, Messieurs, il n’y a ny magie, ny sorcellerie, ny enchanterie, ny guianterie ; mais il est bien vray qu’il y a peu de guiablerie. Gnian vela le mot. »

Le coquin n’eut pas plutost achevé ces paroles qu’il s’eleva un grand eclat de rire par toute la badauderie, comme s’il eust dit la meilleure chose du


servir, accorda qu’ils viendroient jouer une fois sur le théâtre de La Grange. Cetta troupe ne réussit pas, dans sa première représentation, au gré de Mme de Calvimont, ni par conséquent au gré de M. le prince de Conti, quoiqu’au jugement de tout le reste des auditeurs elle surpassât infiniment la troupe de Cormier, soit par la bonté des acteurs, soit par la magmficence des habits. Peu de jours après, ils représentèrent encore, et Sarazin, à force de prôner leurs louanges, fit avouer à M. le prince de Conti qu’il falloit retenir la troupe de Molière, à l’exclusion de celle de Cormier. Il les avoit suivis et soutenus dans le commencement à cause de moi ; mais alors, étant devenu amoureux de la Du Parc, il songea à se servir lui-même. Il gagna Mme de Calvimont, et non seulement il fit congédier la troupe de Cormier, mais il fit donner pension à celle de Molière. » M. Sainte-Beuve (Causeries du lundi, t. 6, p. 240) a écrit avec raison qu’après « ce passage, qui nous touche par la destinée du grand homme qui y est mis en jeu et s’y agite si indifféremment, on se sent pénétré d’une amère pitié ». Qu’eût-il dit s’il eût été amené à savoir que le chef de troupe qu’on faillit lui préférer n’étoit, comme je le crois, qu’un arracheur de dents !