Page:Variétés Tome VII.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

monde. Pour luy, après avoir long-temps ry avec les autres, il reprit ainsi sa harangue : « Mais, me dira quelqu’un, viençà, Cormier ; je sçay bien que tu es bon frère, tu as la mine de ne te point coucher sans souper, tu ne manges point de chandelle ; mais à quoy sert ça de changer ton yeau en vin, elle n’en a speut-il faire pas le goust ? — Non, Messieurs, elle n’en a pas le goust. À quoy sert ça de mentir ? Je ne suis ny charlatan, ny larron ; je suis Cormier, à vostre service et commandement. Ardé ! velà ma boutique ; n’y a si petit ne si grand qui ne vous l’enseigne. Il y a trente ans, Guieu marcy, que je demeurons dans le carquier. » Il dit tout cecy en ostant son chapeau ; puis, en le remettant : « Mais à quoy ça sert-il donc, poursuivit-il, de changer cette yeau en vin, si elle n’en a pas le goust ? À quoy ça sert ? Ho ! voicy à quoy ça sert : Vous vous en allez un dimanche, par magnière de dire, après la grande messe, dans une tavarne. « Holà ! Madame de cians, y a-t-il moyen de boire un coup de bon vin ? — Ouydà, Messieurs ; à quel prix vous en plaist-il ? à six ou à huit ? » Là-dessus : « Donnez-nous en, ce faites-vous, à six ou à huit sols, tant du pus que du moins. — Pierre, allez tirer du vin à ces Messieurs, tout du meilleur. Viste, qu’on se depesche ! » Velà qui va bien. Vous vous mettez à table, vous mangez une crouste, vous dites à la maistresse : « Madame de cians, faites nous donner un sciau d’yeau pour nous rafraischir, car aussi bien vela un homme qui ne boit que du vin de la fontaine. » Dame ! là-dessus, quand on vous a apporté du vin, vous le beuvez, et, quand vous l’avez beu, vous remplissez la pinte