Page:Variétés Tome VII.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur avoit vendu à cinq ou six un mesme ouvrage sous diferent titre, qu’il avoit aussi dedié à diverses personnes pour en tirer plus d’argent.

Vous voyez quelle sorte de vie ce petit homme mène, et combien d’affronts il est sujet à recevoir, jusque là que les petits enfans luy font tourner son chapeau sur la teste et luy donnent des coups d’epingles dans les fesses toutes les fois qu’ils le rencontrent en un certain lieu nommé l’Orvietan24, où il ne manque jamais de les aller chercher pour un sujet que je ne veux pas dire, et qu’ils le reconduisirent une fois à coups de pierres du terrain de Notre-Dame, où il va aussi tous les soirs de l’esté pour le mesme dessein, jusques au logis d’un chanoine de condition, où il se sauva. Avec tout cela, neantmoins, vous devez sçavoir qu’il n’y eut jamais de vanité pareille à celle de ce petit personnage, et qu’il


24. C’est sans doute le lieu, voisin du Pont-Neuf, où se tenoit le charlatan qui vendoit la drogue fameuse dont nous avons déjà parlé dans une note de notre édition du Roman bourgeois (p. 106), et qui lui devoit son surnom. L’Orviétan est souvent rappelé dans les Mazarinades ; il y est même mis en scène, témoin les Sanglots de l’Orvietan sur l’absence du cardinal Mazarin et son adieu, en vers burlesques, 1649, in-4 ; Dialogue de Jodelet et de l’Orviatan (sic) sur les affaires de ce temps, 1649, in-4. — Je dois à une obligeante communication de M. J. Ravenel de savoir le véritable nom de cet homme célèbre. Voici la mention qu’il a trouvée à l’Hôtel-de-Ville, dans les registres de la paroisse de Saint-Jacques-du-Haut-Pas : « Christophe Contugi, dit de Lorvietan (il signe Lorvietano), temoin (4 janvier 1652) au mariage de Jean-Baptiste Valeri et Catherine Marcovis. »