Page:Variétés Tome VII.djvu/120

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noissance, le heros ou l’heroïne ne manquant jamais d’avoir un cœur, une flèche ou quelqu’autre marque emprainte naturellement sur le corps34.

Y a-t’-il rien de plus sot que ces grands badauts d’amoureux qui ne font que pleurer pour une vetille, et à qui les mains demangent si fort qu’ils ne parlent que de mourir et de se tuer. Ils se donnent bien de garde d’en rien faire cependant, quelque envie qu’ils en temoignent ; et s’il n’y a personne sur le theatre pour les en empescher, ils se donneront bien la patience de prononcer une cinquantaine de vers, en attendant que quelqu’un survienne qui les saisisse par derrière et leur oste leur poignard. Vous les verrez mesme quelquefois si agreables qu’au moindre bruit qu’ils entendront ils vous remettront froidement leur dague dans le fourreau, quelque dessein de mourir qu’ils eussent montré, donnant pour toute excuse d’un : Mais quelqu’un vient ! Au lieu de dire cela, que ne se tuoient-ils s’ils en avoient si grande envie ? Un coup est bientost donné. Toutefois, que voulez-vous ? les pauvres gens auroient trop de honte de faire une si mauvaise action devant le monde ; et puis tousjours ont-ils bonne raison, car il y a bien moins de mal à dire une sottise qu’à se tuer. Ils sçavent bien que ce qu’ils en font ce n’est pas tout de bon, ce n’est que par semblant ;


leau lui prouva par un argument ad hominem la vraisemblance des a parte. (V. Walckenaer, Histoire de la vie et des ouvrages de J. de La Fontaine, 1re édit., p. 78-79.)

34. Ces dénoûments étoient de tradition antique. Il est rare que les pièces de Térence ou de Plaute finissent autrement.