Page:Variétés Tome VII.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous n’avons mine ny de l’un ny de l’autre, que bien peu d’argent en Auvergne, qui couste plus à affiner qu’il ne vault25.

Aussi alors le François ne s’amusoit point au trafic ny au commerce, ains s’adonnoit seulement à labourer et cultiver sa terre, à nourrir du bestial et à tirer de sa mesnagerie toutes les commoditez qui luy estoient necessaires, comme le bled, le vin, les chairs pour sa nourriture, les laines pour faire ses toiles, et ainsi des autres.

Mais considerons quelles commoditez sont venues à la France depuis six vingts ans. L’Anglois a esté chassé des Gaules ; nous sommes devenuz maistres de toutes les terres qu’ils tenoient de deçà. La Bourgongne, la Bretaigne et la Provence se sont attachées à nostre couronne ; les autres païs y sont aussi venuz. Le chemin nous a esté ouvert pour trafiquer en Italie, en Angleterre, en Écosse, en Flandres, et par tout le septentrion. L’amitié et intelligence entre le grand-seigneur et noz rois nous a frayé le chemin du Levant. Le Portugais et Espagnol, qui ne peuvent vivre sans nous venir mendier le pain, sont allez rechercher le Perou, le goulfe de Perse, Indes, l’Amerique et autres terres, et là ont fouillé les entrailles de la terre pour en tirer l’or et nous l’apporter tous les ans en beaux lingots, en portu-


fer ; des balais pour de vieux souliers (Old shoes for some broom) !

25. Aussi ces mines, comme la plupart de celles de l’Europe, avoient-elles été abandonnées. V. Monteil, Hist. des François des divers états, édit. Lecou, XVIe siècle, p. 257, et aux notes, p. 73–74.