Page:Variétés Tome VII.djvu/179

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adviennent aux choses publiques arrestent bien le cours de la fortune61 ; comme nous voyons que jadis noz pères ont vescu fort escharcement62 par l’espace de cinq cens ans, sans cognoistre que c’estoit que d’avoir vaisselle d’argent, ny tapisseries, ny autres meubles exquis, ny sans avoir tant de friandes viandes, comme aujourd’huy nous en usons. Et si on considère le pris des choses de ce temps-là, nous trouverons que ce qui se vendoit alors quinze sols aujourd’huy en couste cent, voire davantage.

Donc, puis que nous sçavons que les choses sont encheries et que nous avons discouru les causes de l’encherissement, il reste maintenant à trouver les moyens d’y remedier au moins mal qui sera possible, sans vouloir blasmer aucunement ce que les


61. Dans son livre Secret des finances, cité tout à l’heure, Froumenteau fait le compte des pertes de toutes sortes que fit la France pendant les guerres de religion : « 36,300 preudhommes y ont été massacrés, dit-il ; 1,200 femmes ou filles y ont été estranglées ou noyées ; 650,000 soldats, tous naturels françois, y ont perdu la vie. Bref, cette litière est couverte de plus de 765,000 livres perdues, à l’entour de laquelle vous y voyez 12,300 femmes et filles violées ; elle est esclairée de plus de 7,000 ou 8,000 maisons qui ont esté brûlées. »

62. Chichement. Pour donner du mot échars et de ses dérivés un exemple qui se rapporte aux faits contenus dans cette pièce, nous rappellerons qu’on se servoit du verbe écharser pour exprimer la diminution imposée au titre d’une pièce de monnoie. V. Ordonnances des rois de France, t. 2, p. 428.