Page:Variétés Tome VII.djvu/284

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Entr’autres il recite de la femme d’Asdrubal, voyant le feu en une maison où estoit son mary, de la grande amour qu’elle portoit à son mary, se jetta dedans le feu ; Nicerat en fit autant quand elle vit son mary mort ; Tisbée en fit autant quand elle vit son amy Piramus mort. Croy, mon amy, qu’il y a bien de la science à d’aucunes femmes, les unes au bien et les autres au mal. Les unes ont une science parfaite en gouvernant honorablement leur mesnage, vivent avec un amour enrichi d’une ferme foy, d’un courage invincible et d’une amitié non-pareille. Bref, mon amy, il ne te faut user de tel propos envers moy, car tu te trompes fort de dire que je suis amoureux.

Le Lecteur.

Mais, maistre Guillaume, ne vous faschés contre moy, je vous prie, car je sçay veritablement que je ne suis pas digne de disputer contre un tel personnage que vous, car je vous tiens pour un homme docte et sçavant et pour un homme qui a autant leu qu’homme de vostre robe ; parquoy, maistre Guillaume, je vous voudrois bien demander, puis que les femmes ont de tant belle science, si s’est science à d’aucune femme de laisser leurs maris, comme je vous veux faire entendre. C’est que j’estois dernierement en la bonne ville de Paris, où je beuvois à un cabaret chopinette ; j’escoutois la complainte de trois pauvres savetiers, qui disoient l’un à l’autre que leurs femmes les avoient laissez. L’un se plaignoit bien plus que les autres, car il disoit que sa femme s’en estoit allée avec son valet, et qu’elle luy avoit