Page:Variétés Tome VII.djvu/298

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extrême crainte de la perdre, nous voyons presentement, helas ! des presages dangereux de sa prochaine ruyne. Les ressentimens que nous avons encore des afflictions passées et des anciennes guerres intestines nous debilitent entierement le cœur et le courage en l’apprehension des futures, de telle sorte et manière que nous n’avons aucun goust pour savourer les biens que liberalement le ciel en ceste presente année eslargira aux enfans de la France. Nous parlerons à vous, Madame, encore que ne soyons que pauvres paysans et gens rustiques nourris à la champestre, de vile et basse condition, des quels la pointe et la portée du jugement au respect de celuy de vos experimentez Conseillers d’Estat ne s’estend et n’outrepasse la veüe des clochers de nos villages, mais pourtant nous avons ceste maxime bien avant engravée en l’ame, ressentant le naturel des simples ; mais des bons et legitimes François, que quiconque se dit subjet du roy ne se doit jamais forligner de la fidelité qui luy doit inviolablement garder ; et comme il est vray que les vrays sujets d’un prince ne peuvent estre tels que par l’obeïssance et par la foy solide qui les rend obligez à son service, il faut estimer ceux-là n’estre legitimes sujets, qui abandonnent le soing qu’ils doivent avoir de l’Estat et de la personne de leur souverain pour embrasser leur propre lucre de leur particulier interest, et la seule elevation de leur gloire ; et alors, ainsi desguisez, n’estans plus que serviteurs affectionnez entre deux levres, delaissent ce qu’ils devroient estre et deviennent comme noircis, amoureux de leurs vaines et frivolles intentions. Nous nous garderions bien d’ecrire et