Page:Variétés Tome VII.djvu/341

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deux bateaux qui suivoient eussent passé : ils étoient remplis de noblesse et de soldats bien armés.

En après venoit le bateau de Son Eminence, à la queue duquel étoit attaché un petit bateau couvert, dans lequel étoit M. de Thou, prisonnier3, gardé par un exempt des gardes du roi et douze gardes de Son Eminence. Après les bateaux venoient trois barques, où étoient les hardes et vaisselle d’argent de Son Eminence, avec plusieurs gentilshommes et soldats. Sur le bord du Rhône, en Dauphiné, marchoient deux compagnies de chevau-légers, et autant sur le bord du côté du Languedoc et Vivarais ; il y avoit un très beau regiment de gens de pied, qui entroit dans les villes où Son Eminence devoit entrer ou coucher.

Son bateau prit terre contre la calme de Bonneri, en cette ville4, où quantité de noblesse l’attendoit,


3. Cinq-Mars étoit avec lui, et c’est par oubli que J. de Banne ne le nomme pas ici. Puisqu’il est question de de Thou, à qui l’on a voulu faire dans tout ceci un rôle beaucoup trop intéressant, il est bon, je crois, de renvoyer à une lettre qui lui fut écrite peu de temps avant la découverte du complot par Alexandre de Campion, qu’il avoit voulu y entraîner. Par cette lettre, qui le pose en véritable recruteur de conjurés, sa part de complicité semble fort bien définie : « Il est certain, dit M. Moreau dans une note, que de Thou avoit fait un peu plus que de garder le secret de son ami. » (Mémoires de H. de Campion, édit. elzev., p. 379.) Pour un autre fait très curieux de cette conspiration, V. Mém. de d’Argenson, coll. elzevir., t. 1, p. 71–72.

4. Viviers, sur le Rhône, autrefois capitale de la pro-