Page:Variétés Tome VIII.djvu/142

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Or je sçay bien que chante vostre plainte :
C’est que jamais vous n’aymez la contrainte,
Et en ce point vostre sexe est si doux,
Qu’il ne se voit qu’aucune d’entre vous
Ait ceste reigle enfreinte d’adventure ;
Vous vous plaisez à gloser la nature,
Faire des loix, corriger l’univers,
Ne vouloir rien, s’il n’est tout de travers ;
Contre le droit vostre desir s’obstine,
Pour l’equité vostre ame se mutine,
Rien ne vous plaist que ce qui vient de loing ;
Ce qui est cher resveille vostre soin ;
Vous vous portez tousjours à la deffense,
Le bien permis plus souvent vous offense !
Bref, vostre esprit de contradiction
Pour le desordre a de la passion.

Ne pleurez plus, changez de contenance,
Et, sans gronder, reverez l’ordonnance
Qui met la drogue à un malheur fatal,
Et pour le bien ne faites point le mal.
Que si quelqu’un s’apprestoit pour vous rendre
Ce que le roi vous a voulu deffendre,
Devroit-on pas plustost vous consoler ?
D’aise au rebours vous devez bien voler,
Puisque l’edict maintenant vous delivre
Par chacun an de huict ou neuf cent livres.
Vous ne perdrez vos amples revenus,
D’oresnavant point de maris cornus,
Et, dans Paris, vos filles trop volages
Ne donneront leurs jolis pucelages ;
Vous n’employ’rez les soirs et les matins