Page:Variétés Tome VIII.djvu/213

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Enluminez à force de rosties5,
Ouvrant les yeux comme de gros hibous,
Sur le collet il me sautèrent tous.
L’un me saisit durement par la manche,
L’autre à la main et l’autre par la hanche,
L’autre au manteau, et l’autre, enbesongné6,
Disoit m’avoir le premier empoigné.
J’en avois deux me menant sous l’aisselle,
Comme un amant mène une demoiselle,
Cinq au derrière et quatre à mon devant,
Pour m’empescher de trop fendre le vent.
Les uns devant me faisoient faire place,
Aux deux costez serrant la populace.
Un gros ribault mon espée m’osta
Et la bailla à un, qui l’emporta ;
Autour de moy ses gens estoient en cerne.
Mes yeux luisoient ainsi qu’une lanterne
Non point du vin que j’avois entonné,
Car je n’avois encore desjeuné.



Marot à François Ier sur un sujet analogue ; on y trouvera même l’imitation du passage :

Pour faire court, je ne sçeus tant prescher
Que ces paillars me vousissent lascher.
Sur mes deux bras ils ont la main posée
Et m’ont mené ainsi qu’une espousée,
Non pas ainsi, mais plus roide un petit.

(Épître XXVI, édit. Lenglet Dufresnoy, La Haye. 1741, in-4, t. 1, p. 444.)

5. Est-il besoin de dire que c’étoient des rôties au vin ?

6. Affairé, faisant l’important, la mouche du coche, en un mot.