Page:Variétés Tome VIII.djvu/215

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Ma garde là jamais ne m’abandonne,
Tant elle a crainte et peur de ma personne ;
Tous mes valets, mes huissiers, mes portiers,
L’ont plus de moy que moy d’eux volontiers :
Pour y aller il ne faut qu’un quart d’heure,
Mais à venir, Sire, je vous asseure
Que si fascheux et long est le chemin
Qu’on est plus tost à la mort qu’à la fin ;
Il en est peu qui ait de la contrée
Si tost trouvé l’issue comme l’entrée,
Et seroit on cent fois plus tost sorty
Du labyrinthe que Dedalle a basty.
Je n’en tien pas une meilleure mine ;
En vain je pense et en vain je rhumine
Tous les moyens de changer de logis,
Je ne le puis, si je n’ay des amis.
Où estes vous, ô vertueuse bande ?
Sur mon tombeau respandez vostre offrande ;
Vostre bienfaict me peut rendre allegé
Du purgatoire où je me voy plongé ;
Venez à moy comme vertueux anges
Me retirer des cavernes estranges
Pour me remettre où je vivois jadis
Dans les cartiers du mondain paradis.
Si à ma voix vostre oreille est muette,
Trop arrosez de la liqueur de Lèthe7,
Vostre sourdesse et vostre long habit8
Me feront, las ! jouer à l’esbahy ;
J’ay trop longtemps joué ce personnage.



7. De l’eau du Léthé.

8. Faut-il lire oubli ?