Page:Variétés Tome VIII.djvu/265

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Perez8, secretaire d’Etat des depêches universelles de Philippe II, roi d’Espagne, lequel, s’étant refugié en France, conçut tant d’inclination pour ce couvent, qu’il voulut qu’après sa mort on l’enterrât dans le cloître, où l’on voit encore son epitaphe, qui doit imprimer un vrai respect dans l’esprit des savans nouvellistes9.

Ceux du Palais, qui ne sont nourris que d’un lait qui ne sauroit jamais se cailler, formèrent empê-


8. Antonio Perez, aux derniers temps de sa vie, avoit en effet habité dans le voisinage des Célestins. Après avoir logé rue Mauconseil, vis-à-vis de l’hôtel de Bourgogne, puis à Saint-Lazare, dans la rue du Temple, au faubourg Saint-Victor, il étoit venu s’établir dans la rue de la Cerisaie. Il avoit toujours été très curieux de nouvelles, et même, comme s’il n’eût pas cessé d’être ministre de Philippe II, il poussoit jusqu’à l’espionnage cette passion de curiosité. Les Espagnols l’accusoient d’envoyer de Paris à Madrid des espions à gages. V. Œuvres choisies de Quévedo, La Haye, 1776, in-12, t. 1, p. 100. S’il alla quelquefois se mettre aux écoutes dans le cloître des Célestins, il ne put se permettre jusqu’à la fin de sa vie ces promenades de nouvelliste. Il devint en effet presque perclus de ses jambes, et, ne pouvant plus se rendre à l’église, il fut obligé de demander qu’on lui accordât le droit d’avoir une chapelle dans sa maison. (Lorente, Hist. de l’inquisition, t. 3, p. 360.)

9. « Il fut, dit M. Mignet, enterré aux Célestins, où, jusqu’à la fin du dernier siècle, on pouvoit lire une epitaphe qui rappeloit les principales vicissitudes de sa vie. » (Antonio Perez et Philippe II, 1845, in-8º, p. 301.) V. aussi Piganiol de la Force, Descript. de Paris, 1765, in-8, t. 4, p. 254–256.