Page:Variétés Tome VIII.djvu/333

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prinses fussent sans aucune apparence parmy les gens de bien de son royaume, et les estrangers encores moins, qui peuvent faire leur profit de ce qui se passe en France.

Sur tout, on jugera que le sieur de Mortenière (nepveu et heritier de mauvaises volontez et cruelles passions de son oncle Guillery)1 et ses factions communiquées à une troupe nouvelle de desesperez, en nombre de sept à huit cens, laquelle, depuis quelque temps en çà, prend plaisir à courir par tout le Poictou, et y commet mille et mille cruautez et meschancetez, dont la moindre merite de perdre la vie, ne peuvent servir à Sa Majesté que d’un moyen propre pour eslever sa gloire et se faire craindre en les punissant, non selon leur demerite, qui n’est que très grand, offençant un roy, mais humainement et selon la clemence de Sa Majesté, qui n’ayme le sang et le carnage.

Monsieur le duc d’Espernon2, ayant eu advis qu’une partie de ces gens rodoyent aux environs de


1. Ce successeur du fameux brigand dont nous avons déjà tant de fois parlé (t. 5, p. 215 ; t. 6, p. 324 ; t. 7, p. 71) est tout à fait inconnu.

2. Les services qu’il avoit rendus à la reine-mère lui avoient fait perdre du crédit. Rentré en grâce depuis quelque temps, il avoit donné des gages par son activité contre les réformés, dans le Béarn, au siége de Saint-Jean-d’Angely, et enfin, comme on le voit ici, aux environs de La Rochelle, dont le blocus lui avoit été confié. (Collect. Petitot, t. 22, p. 143.) En cela, s’il servoit bien le roi, il obéissoit aussi au sentiment de sa haine contre ceux de la religion.