Page:Variétés Tome VIII.djvu/62

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rut15. Ses enfans furent retirés durant quelque temps par une demoiselle nommée Rossignol, qui eut soin de les faire passer en France16. On a appris cette circonstance de cette demoiselle.

Étant arrivés à La Rochelle17, ils y demeurèrent pendant quelques mois, logés par charité, obligés de vivre d’aumône, jusque-là qu’ils obtinrent, par grâce, que de deux jours l’un on voulût bien leur donner au collège des Jesuites de cette ville du potage et de la viande, que tantôt le frère, tantôt la sœur, venoient chercher à la porte. C’est ainsi que l’a raconté plusieurs fois le R. P. Duverger, jesuite, doyen à Xaintes, mort en 1703, ce père ayant été non seulement temoin de ce fait, mais leur ayant


15. On avoit cru jusqu’ici que Mme d’Aubigné étoit morte après avoir ramené en France sa petite famille. Mme de Caylus dit positivement : « Mme d’Aubigné revint veuve en France avec ses enfants. » Puis elle n’en parle plus ; elle oublie même de donner la date de sa mort, et pour cause sans doute : elle ne la savoit pas. Elle tenoit de Mme de Maintenon tout ce qui se trouve dans ses Souvenirs, et celle-ci ne devoit pas certainement lui avoir raconté avec de longs détails cette période si misérable de son enfance. J’aime donc mieux en croire le Père Laguille, qui, d’ailleurs, cite ses témoins.

16. On lit en marge : « On ajoute ici que la dite demoiselle Rossignol, qui a vecu jusques à la grande faveur et fortune de la dame, s’étant aventurée il luy demander une grâce en luy rappelant le temps passé, ne reçut ni grâce ni reponse. » (Note de Chardon de la Rochette.)

17. Saint-Simon dit aussi que, « revenue seule et au hasard en France », sa première abordée fut à La Rochelle.