Page:Variétés Tome X.djvu/100

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Et à peine vingt fois ay-je veu le printemps21 ;
Mais si ay-je cherché maintes fois l’habitude

De passer par vertu le reste de mes ans,

Lorsque, dissuadé en mainte et mainte sorte,
Je voyois avec moy ung nombre d’escoliers
Estudier pour se mestre en l’epoisse cohorte
De ceux quy n’ont suivy les vertueux sentiers.

Le temps, le temps n’est plus qu’on mettoit la jeunesse
Au chemin de vertu pour suivre les prudens ;
Celuy-là quy se croist estre issu de noblesse
Ne recherche aujourd’huy rien que le cours du temps.

Ô cours trop corrompu et semé de malice !
Helas ! que ceux quy vont poursuivant les honneurs,
Poursuivent, malheureux, d’imprudence et de vice,
Pour se voir en un coup accablé de malheurs.

Je scay que la plus part de ceux quy estudient


21. D’après ce vers, où Laffemas déclare qu’en 1604 il avoit à peine vingt ans, il seroit né en 1584, et non pas en 1589, comme on l’a dit partout. Après l’avoir fait naître cinq ans trop tard, on l’a, par compensation, fait mourir au moins deux ans trop tôt. La Biographie Universelle donne pour date à sa mort l’année 1650, la même où sa mazarinade Le Frondeur désintéressé nous l’a montré dans toute la verdeur de son esprit ; or, on voit dans le Journal du Parlement, que Laffemas, redevenu maître des requêtes, fut accusé, dans l’audience du 19 juillet 1652, d’avoir remis les sceaux à un commis de Guénegaud, ce qu’il avoua séance tenante. (Moreau, Bibliog. des Mazarinades, t. I, p. 425.)