Page:Variétés Tome X.djvu/173

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Pour s’exempter de ce meurtre inhumain,
Par leurs escrits ils se lavent la main ;

Mais ils le font ainsi que fit Pilate.

Si je voulois tracer un paralelle
À cet Aigneau qui mourut innocent,
Verroit-on pas mesme faux jugement ;
Mais sur ce point je veux caller ma voille.

À ton seigneur la vie ne desrobe,
Parce qu’il peut devenir ton amy :
David le fit à Saul son ennemy,
Se contentant de luy couper sa robbe.

Vous avez leu, ô race miserable,
La saincte loy du grand Dieu souverain :
Nul ne se doit souiller de sang humain,
Car il deffend d’occire son semblable.

Bien vray qu’il dit que l’homme pour son vice,
Y persistant, est digne du cercueil.
La dent pour dent, ainsi que l’œil pour œil5,
Ce sont decrets de la saincte justice.

Mais mon espoux, vray monarque très-sage,
A-t-il jamais trempé sa main au sang ;


5. « Oculum pro oculo, et dentem pro dente. » Exod., ch. 21, verset 24.