Page:Variétés Tome X.djvu/184

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honte de les porter, cependant que leur petit ordinaire ira ; les maris iront aux champs, aux jeux de boules et billars, et souvent à des lieux infames, despencer en un jour ce qui suffiroit à leur mesnage pour un mois.

Jadis Marc-Anthoine, voyant son armée fatiguée, et pour l’aspreté des chemins, et pour la soif insuportable qu’elle enduroit, ne voulut boire, afin qu’à son modelle tous les soldats prinssent patience. Messieurs de la police, voyant le desordre de tant de desbauchez, et les mauvais mesnages des yvrongnes à l’endroit de leurs femmes, ont tary ceste fontaine, c’est-à-dire ont deffendu les tavernes, afin que chacun soit content de son ordinaire.

Ils ne beuvoient verres de vin qu’ils ne tirassent autant de larmes de yeux de leurs femmes et de leurs enfans, lesquels marquez à la teste et au visage sçavoient mieux les forces des bras de leurs maris et de leurs pères que celle du vin, encores que le vin surmontant l’homme, il soit surmonté de la femme et la femme des blandices de ses enfans.

Encores entre les Allemans, les Bretons, les Flamans et les Anglois, les femmes vont à la taverne avec leur mary, où elles les empeschent de s’ennyvrer, ou elles les assoupissent ; de sorte qu’ils ont plus envie de dormir que de frapper, et sans autre cérémonie, vont le lendemain prendre du poil de la beste. Mais les François et les estrangers francisez n’esloignent leurs maisons que pour estre esloignez de leurs femmes, afin d’avoir la liberté du vin et de ce qui peut rire à leurs desbauches.

Vous en verrez une brigade de trois, de quatre,