Page:Variétés Tome X.djvu/242

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qui me restoit d’argent pour mon voyage, il me tomba dans la pensée que, si tant de pièces differentes que je tenois avoient du sens et de l’intelligence dans la tête, dont elles étoient marquées, il n’y auroit presque rien qu’elles ne pussent m’apprendre ; et que, l’or et l’argent ayant de tout temps gouverné le monde, on pourroit sçavoir par leur moyen des nouvelles de tous les siècles. À peine avois-je eu cette pensée, qu’une pistole d’Italie2,


2. Les pistoles étoient une monnoie d’Espagne, mais il en venoit aussi d’Italie. « Elles étoient du poids des louis et au même titre et remède. » Voilà pourquoi Isarn a pu indifféremment appeler la pièce qu’il fait parler pistole ou louis d’or. La pistole avoit déjà la valeur qu’on lui a laissée dans les provinces, où son nom est encore employé comme signe monétaire. Elle valoit dix francs ; c’étoit aussi le taux du louis. En 1648, pendant les premiers temps de la misère de la Fronde, on le fit monter jusqu’à douze francs ; mais, en 1662, le roi le rabattit à son ancien taux. En 1689, par ordonnance du mois de décembre, il revint à sa valeur révolutionnaire et même la dépassa ; il fut porté à 12 liv. 10 sols (Journal de Dangeau, édit. complète, t. III, p. 39). Sous la régence, en 1718, il monta d’un tiers ; il étoit à 18 livres, et le double louis à 36. « Mon fils, écrit la duchesse d’Orléans (Nouv. Lettres, édit. G. Brunet, p. 150), est venu cet après-midi, et nous a apporté l’arrêt qui modifie le cours du numéraire ; le louis d’or vaut désormais 36 livres. Ceux qui ont beaucoup d’argent gagneront joliment. » Sous Louis XV, il redescendit à 30 livres, et le louis simple à 15, mais ce fut pour remonter à 20, puis à 24, où nous l’avons vu. — Il y a dans la Muze normande de David Ferrand, 26e partie, une ballade sur le rabais des Louys, en 1662.