Page:Variétés Tome X.djvu/250

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d’Alexandre je tombai entre les mains d’un avare qui, ne se contentant pas de m’enfermer avec plusieurs de mes compagnons, il nous enterra, ce miserable, dans les fondemens d’une vieille tour, et mourut enfin sans s’être servi de son argent ni sans l’avoir enseigné. Nous demeurâmes là plusieurs siècles, jusqu’à ce qu’on nous deterra par hazard, en creusant pour avoir les pierres des murailles sous les quelles nous étions. Nous fûmes ainsi de nouveau remis au jour, mais nous n’y fûmes pas plutôt que nous trouvâmes une grande difference dans le monde.

——--Depuis ce long enterrement,
Le monde avoit changé de forme et de figure :
——--L’on y parloit differemment ;
——--Tout étoit d’une autre nature.
Nous n’étions même plus à l’usage de tous,
Puisqu’enfin, en sortant de dessous la muraille,
——--Jusques à la moindre de nous,
Parvint à la grandeur d’antique et de medaille.

« Aussi fûmes-nous recherchez avec soin des curieux, qui nous firent valoir un prix excessif et qui nous montroient comme le plus rare ornement de leurs cabinets. Je pense que je serois encore entre leurs mains, si mon dernier maître, qui se méloit de chymie, me jugeant d’un or très-pur, ne m’eût voulu multiplier. Je ne sçache point de tourment qu’il ne me fît endurer. Il essaya toutes choses inutilement ; il me fit passer plusieurs fois par le feu ;

——--Mais il ne fit que s’y morfondre.