Page:Variétés Tome X.djvu/252

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——--Que je ne vive que pour elle,

——--Qu’elle ne vive que pour moi !

« Tu jugeras, par ces vers, que c’etoit un simple cavalier qui aimoit une personne fort au-dessus de lui ; et je ne t’en dirai pas davantage, car, en matière de digressions comme de folies, les plus courtes sont les meilleures. Aussi, sans m’arrêter à cette histoire, je t’apprendrai que je passai entre les mains d’un autre maître, qui m’employa d’une manière bien differente, quoiqu’au même usage : il me fit servir à cinq ou six portraits en moins de rien, et j’eus le divertissement de voir que tantôt la blonde chassoit la brune, selon que la blonde ou la brune regnoit dans son cœur. J’avois pourtant bien du dépit de ce qu’il en quittoit quelquefois une belle pour une laide, car il ne lui importoit pourvû qu’il changeât. Il ne laissoit pas, après cela, d’avoir des moments bien amoureux ; et il me souvient qu’un jour qu’il attendoit sa dernière maîtresse, il dit plusieurs fois d’un air assez languissant, passionné et chagrin :

——--Qu’une impatience amoureuse
——--Est un supplice rigoureux !
Qu’une heure qu’on attend, et qui doit être heureuse,
——--Cause de momens malheureux !

——--Quoi ! Climène n’est point venue ?
——--Cette ingrate ne m’aime pas ;
——--Qui pourroit l’avoir retenue,
——--Si l’Amour couduisoit ses pas ?

« Enfin, ce galant homme se lassa de celle-ci