Page:Variétés Tome X.djvu/258

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rure d’un plancher, d’être appliqué au derrière d’un carrosse11, ou de finir malheureusement sa vie en papier doré ! Ma bonne fortune me garantit de tous ces malheurs, et je suis parvenu à la dignité et en l’etat où tu me vois, dans lequel je souhaite de demeurer à jamais. Car, ni l’image de tant de princes que j’ai portée, ni la figure du grand Alexandre que j’ai conservée durant tant de siècles, ne m’embellissoit point tant que celle du jeune héros que je porte aujourd’hui, qui, avec toutes les vertus qui manquoient à l’autre, et avec encore plus de courage que lui, s’il ne venoit de donner la paix, auroit trouvé la conquête de tout le monde aisée12.

Aux lauriers immortels qui couronnent sa tête
Jules vient de mêler les myrthes de l’Amour,
Un calme bien heureux succède à la tempête :
La Discorde est rentrée en son triste sejour.
Nous ne verrons former nos heureuses années
——--Que de beaux et paisibles jours.


12. Les carrosses « où tant d’or se relevoit en bosse » étoient alors un luxe à la mode. Pendant la Fronde, on les avoit dédorés (Œuvres de Sarazin, 1696, in-8º, p. 383), mais ensuite ils ne brillèrent que de plus belle. En 1706, il fallut contre le scandale de leur dorure une défense du roi. (Corresp. administr. de Louis XIV, t. II, p. 829.)

13. Un petit roman satirique qui reprit, un peu modifié, le titre de cette pièce, ce qui l’a souvent fait confondre avec elle, bien qu’il lui soit très-postérieur, Le Louis d’or politique et galant, 1695, in-12, est aussi amer contre Louis XIV vieillissant qu’Isarn est ici flatteur pour sa jeune royauté.