Page:Variétés Tome X.djvu/50

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Protecteur. Il y a peu de jours que je lui ai ouï dire qu’en France nous n’avions pas une telle tête. Elle a auprès d’elle deux Anglais fort envenimés, qui, s’ils pouvoient, voudroient bien tramer quelque chose contre le Protecteur. Montaigu est toujours à Pontoise, à cinq lieues de Paris. C’est un petit fou qui s’est fait prêtre : il feroit bien du mal au Protecteur s’il pouvoit, mais il n’est jugé ici bon à rien. Il fait le bigot et grand catholique, mais il n’y croit rien du tout, mais cela lui sert à vivre.

Le Protecteur est ici fort estimé du peuple et des plus sensés.

Nos ministres d’Etat les plus signalés disent que le Protecteur n’a point fait de fautes en sa conduite, mais que nous en faisons tous les jours.

On ne croit pas qu’entre lui et nous il y ait jamais aucun bon et solide accomodement.

On tient que le Protecteur balancera toujours les affaires sans se déclarer ni pour ni contre nous.

On croit qu’il entretient le prince de Condé de vaines espérances, dont on ne verra nul effet.

M. le prince est aussi lassé des longueurs par lesquelles le Protecteur le mène depuis trois ans, sans avoir encore rien fait en sa faveur.

On ne croit pas que ce soit l’intérêt du Protecteur de rien entreprendre ouvertement contre la France.

On croit qu’il menacera toujours sans rien faire contre nous.

On croit pour certain que M. le prince s’accomodera avec le cardinal, et que M. le duc d’Enghien épousera une nièce que l’on garde ici pour cela,