Page:Variétés Tome X.djvu/56

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forces ; enfin, un sien confident lui a dit : « Père saint, voulez-vous durer longtemps ? laissez le monde comme il est. »

Là dessus, le pape s’est résolu de n’entreprendre pas tant de besogne. Pour l’entremise de la paix, il n’en parle plus.

Le cardinal Mazarin le méprise tant qu’il peut, et quand la paix devroit se faire, ce ne sera pas par son moyen.

Il est passé par ici, depuis trois semaines, un moine jacobin qui a eu conférence avec le cardinal touchant la paix. C’est un père dominicain espagnol.

Pour l’accommodement de M. le prince, il est très assuré qu’il se traite quelque chose ; mais il n’y a rien encore de bien avancé, et je n’en ai pas bonne espérance.

Assurez-vous sur moi que vous serez bien averti de toutes ces choses.

L’autorité, la faveur et le crédit du Cardinal sont au plus haut point : je ne vois rien qui le puisse choquer que le Protecteur ; c’est pourquoi il est très certain que, ou tôt ou tard, le Protecteur lui jouera quelque mauvais tour33.

Nous avons assiégé la Capelle, et faisons en


33. C’est bien ce que craignoit Mazarin ; aussi fit-il le traité du 2 novembre, dont nous avons parlé tout à l’heure. Mazarin craignoit surtout une alliance de Cromwell avec les protestants de France, vers lesquels, en mai 1654, le Protecteur avoit envoyé le suisse Stoupe, ou bien encore une entente complète et efficace entre lui et Condé. C’est ce que celui-ci s’efforçoit de conclure depuis 1651, comme on le voit par les Mémoires de Lenet, mais sans obtenir