Page:Variétés Tome X.djvu/99

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Helas ! c’est un grand faict que la fortune tente
Les mondains, plus jaloux d’honneur que de vertu,
Et frustre bien souvent l’ambitieuse attente
Qu’ils ont de surmonter sans avoir combattu.

J’entends d’avoir gaigné par moyen illicites,
Et n’avoir aspiré qu’aux charges et grandeurs,
Indignes toutes fois d’avoir faict ces poursuittes
S’ils n’ont eu la vertu d’acquerir ces honneurs.

Vertu, dy-je, d’où vient ce tiltre de noblesse
Quy nous rend d’un chacun estimez et cheris,
Plus que d’avoir acquis cest honneur par richesse,
Et la richesse encor par malheur mal acquis ?

Alexandre n’est plus, helas ! je ne m’estonne
S’il n’a qu’un successeur en science et valeur,
Alaité de Palas et chery de Bellone ;
Car en ce temps l’on est de vertu amateur.

Ce prince macedon veit entre les despouilles
Du puissant Darius des parfums de grand prix,
Et, se mocquant, disoit : « Il musque ses quenouilles,
Et moy, je chéris plus d’Homère les escripts. »

Voulant dire son cœur estre plus heroïque
D’aimer mieux la vertu que l’arabique odeur,
Quy servoit à musquer de Darius la picque,
Car il aimoit Homère example de malheur.

Je sors à mon avril encore de l’étude,