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beffroi. Cet édifice, qui dans son genre ne manquait pas de mérite, fut jeté à terre l’an 1533, à cause du voisinage de la citadelle de la ville.

Grâce à un allemand nommé Guglielmo (ou Wilhem), un meilleur goût présida bientôt à l’érection des somptueux édifices qui couvrent le sol toscan. On rapporte que ce Guglielmo commença, l’an 1174, avec le sculpteur Bonanno, le campanile de la cathédrale de Pise, sur les murs duquel on lit ces mots :

A. D. m. c. 74. Campanile hoc fuit fundatum Mense Aug.

Ces architectes, ne connaissant pas bien le terrain de Pise, n’établirent pas des fondations assez solides ; aussi la partie la plus faible du terrain s’affaissa de telle sorte que ce campanile prit une inclinaison de six brasses et demie hors de son aplomb. Il y a lieu de s’étonner que cela n’ait pas entraîné sa ruine ; mais grâce à sa forme circulaire, au soin avec lequel toutes ses parties avaient été jointes et au renfort que l’on apporta aussitôt du côté où il penchait, la ligne de direction ne sortit pas de la base. Il est à croire que le contraire serait arrivé, si l’édifice eût été carré. On nous objectera peut-être que la tour de la Carisenda, à Bologne, quoique carrée, est restée debout après avoir éprouvé le même accident ; mais nous répondrons que la Carisenda est moins inclinée et beaucoup plus légère que le campanile de Pise, qui du reste ne doit sa célébrité